Tout au long du Moyen Âge, l'Europe a connu un commerce florissant de reliques sacrées. Mais beaucoup de ces reliques, voire presque toutes, étaient fausses.
Les reliques collectées et vénérées par les Européens du Moyen Âge allaient du plus banal au plus étrange. Les os ou les parties du corps des saints et des martyrs étaient toujours très recherchés. Une église affichait fièrement le cerveau de saint Pierre jusqu'à ce que la relique soit accidentellement déplacée et se révèle être un morceau de pierre ponce.
Les reliques du Christ ou de la Vierge Marie étaient considérées comme extrêmement précieuses et comprenaient des objets tels que le lait de la Vierge Marie, les dents, les cheveux et le sang du Christ, des morceaux de la Croix et des échantillons du linge dans lequel le Christ était enveloppé lorsqu'il était enfant. De nombreuses églises ont même prétendu posséder le prépuce du Christ, coupé lors de sa circoncision. Le linceul de Turin, qui serait le linceul funéraire dans lequel le Christ a été enterré, est peut-être la relique médiévale la plus célèbre de toutes.
Au Moyen Âge, on pouvait gagner beaucoup d'argent avec des os, des cheveux et des ongles, à condition qu'ils proviennent d'un saint. Les mesures prises par l'Église contre ce commerce n'étaient pas très efficaces, d'autant que nombre de ceux qui s'y livraient se trouvaient dans ses propres rangs.
Ce sont des inquiétudes concernant ses finances qui ont poussé l'empereur byzantin Baldwin II, au XIIIe siècle, à prendre une mesure plutôt inhabituelle. Pour trouver de l'argent, il vendit la couronne d'épines du Christ, dont il était propriétaire, au roi de France Louis IX. Depuis lors, la couronne est conservée à la Sainte-Chapelle de Paris, la chapelle du palais de l'ancienne résidence royale, et constitue l'une des principales reliques des églises chrétiennes. Parmi les Habsbourg, c'est surtout Rodolphe IV qui était un grand collectionneur de reliques.
Le commerce d'objets religieux aussi importants était désapprouvé par l'Église, qui l'a interdit pendant tout le Moyen Âge. Tout ce qui était permis, c'était l'échange de ces objets, en échange de prières offertes par les moines et les moniales, de cadeaux ou d'achats à des "non-croyants" afin de les remettre à l'Église. Comme ces objets étaient des marchandises de valeur, il était d'usage de faire passer les transactions concernant les reliques pour des dons ou des vols. Il est vrai que beaucoup de ces objets étaient en fait des faux. Dans la première moitié du XVe siècle, par exemple, saint Bernard de Sienne exprimait l'opinion qu'il y avait tant de morceaux de la croix du Christ en circulation que douze bœufs ne pourraient pas les porter tous.
C'est surtout le clergé qui était actif dans le commerce des reliques, car il avait accès aux églises et aux monastères et connaissait la valeur des objets en question. Cependant, il n'était pas facile d'en fixer le prix, car il y avait peu de marchandises auxquelles les reliques pouvaient être comparées. Les historiens ecclésiastiques supposent que les prix demandés devaient être "astronomiques". Par exemple, les ossements de saint Antoine étaient pesés contre de l'or au début du Moyen Âge. En effet, l'acheteur ne voulait pas commettre un péché en sous-estimant la valeur d'une telle relique.