La Vie et la Béatification de Jeanne de Toulouse-RELICS

La Vie et la Béatification de Jeanne de Toulouse

Jeanne de Toulouse, une mystique vénérée dans la tradition catholique, est une figure énigmatique dont la vie reste sujette à des débats et des incertitudes. Pourtant, son lien étroit avec le couvent des Carmes de Toulouse et sa béatification par le pape Léon XIII en 1895 ont solidifié sa place dans l'histoire religieuse.

Incertitudes historiques et traditions

Peu d'éléments biographiques sont connus de façon certaine sur Jeanne de Toulouse. Sa date de naissance semble inconnue, sa date de décès varie d'une source à l'autre. Des coquilles et/ou confusions existent sur certains sites reprenant de courtes biographiques (comme sur nominis qui indique une date de décès en 1286, ou la revue Magnificat qui dans ses pages de martyrologe, ainsi qu'un blog qui semble confondre les dates avec Jeanne de Toulouse). Pour ajouter à la confusion, à Toulouse, dans cette période du XIIIe siècle, plusieurs femmes ont pris ce même nom de Jeanne de Toulouse.

Une tradition indique qu'à la suite de la fondation d'un monastère de Carmes à Toulouse en 1240, Jeanne découvre la spiritualité carmélitaine. Simon Stock, de passage à Toulouse en 1265 la rencontre et accepte sa demande de suivre la règle du Carmel, et elle devient ainsi la "première carmélite du Tiers-ordre". Jeanne, restant vierge, s'applique alors à suivre toutes les exigences de la Règle du Carmel. Elle vient en aide à la communauté des Carmes de la ville et assiste les malades et les pauvres. Elle encourage également les laïcs toulousains à aider à servir et aider les pauvres.

Une autre source fait d'elle la fille de Baudouin de Toulouse (et d'Alix de Lautrec). Son père ayant été assassiné par son frère (Raymond VI de Toulouse), Jeanne, en réparation du crime de son oncle, se serait fait cloitrée dans une petite maison attenante à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse. Par une petite fenêtre elle avait une vue sur l'autel et adorait le saint sacrement jour et nuit. Elle y aurait vécu recluse jusqu'à sa mort.

Origine probable

Selon la source biographie la plus fiable, rédigée par le carme Jean Bale, qui visita Toulouse en 1527, Jeanne était issue d'une famille noble du royaume de Navarre. Ayant une grande dévotion pour la Vierge Marie, Jeanne décide de vivre comme recluse près du couvent des Carmes de Toulouse. Elle choisit de vivre alors dans une grande austérité. « Elle aimait parler de sujets spirituels avec les jeunes frères carmes et priait beaucoup pour eux, ce qui leur apportait un grand profit spirituel. ».

Jeanne de Toulouse n'apparait pas dans la liste des saints de l'Ordre publié par Jean Grossi (+1437) qui était membre de la province carmélitaine de Toulouse. C'est pourquoi, compte tenu des autres éléments bibliographiques connus, Jeanne semble avoir vécu au début du XVe siècle, au mieux peu de temps avant (un autre site du carmel propose comme date de décès "vers 1380").

L'initiatrice du carmel féminin et du Tiers-Ordre

Dans les différents écrits traitant de Jeanne de Toulouse, elle est qualifiée de "tertiaire", et parfois de "Carmélite". Bien que ces deux branches de l'Ordre du Carmel n'aient pas encore été officiellement fondées à cette période, il n'est pas exclu que Jeanne ait fait profession de la règle carmélitaine, comme le faisaient parfois certaines femmes à cette période.

Jeanne de Toulouse est donc connue, dans la tradition carmélitaine, pour avoir eu une vie de recluse, s'inspirant de la spiritualité carmélitaine, avant l'ouverture de l'ordre aux femmes et aux laïcs. Elle a ainsi parfois été considérée (dans une tradition carmélitaine) comme étant la première carmélite (voir l'initiatrice de cette branche), mais parfois également, comme la fondatrice du Tiers-Ordre carmélite.

Canonisation et vénération des reliques

Dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul de la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, les reliques de la bienheureuse Jeanne de Toulouse sont honorées, placées dans des reliquaires de chaque côté. Bernard Yvest de Roserge, évêque de Toulouse décédé en 1474, fait exhumer ses reliques et les dépose dans une urne dans la chapelle du couvent des Carmes de la ville. En 1656, un couvent espagnol, dans le cadre de la procédure de béatification, sollicite des reliques de Jeanne. Le prieur général de l'ordre, Henry Silvio, lors d'un voyage en Espagne, leur apporte le bras et la main droite de la sainte. Des écrits de 1688 mentionnent la disparition de la main gauche et de quelques dents dans l'ossuaire toulousain.

Après la Révolution française en 1805, avec la destruction du couvent et de l'église des Carmes, des reliques de la bienheureuse sont découvertes dans le mur de l'église, accompagnées de documents datant de 1688 (documents établis lors de l'examen des reliques effectué en vue du processus de béatification). Ces reliques sont transférées à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse, où elles sont placées dans la chapelle Saint-Vincent-de-Paul. En 1893, en préparation de sa béatification, les reliques sont de nouveau exhumées et placées dans un reliquaire.

Béatification et culte

La demande de béatification de Jeanne de Toulouse est soumise lors du chapitre général de l'ordre du Carmel à Naples en 1510. L'examen débute en 1616, puis est relancé en 1656 et 1688. Elle est finalement béatifiée par le pape Léon XIII en 1895.

Après son décès, plusieurs miracles lui sont attribués par ses contemporains, ce qui conduit à l'autorisation officielle de son culte au milieu du XVe siècle par l'évêque Bernard du Rosier. Sa fête est célébrée le 31 mars. Bien qu'elle soit considérée comme sainte et vénérée dans l'ordre du Carmel avant sa béatification, sa fête est retirée du calendrier des saints de l'ordre du Carmel lors de la dernière réforme liturgique. Anne de Toulouse, probablement sa sœur, également religieuse cloîtrée liée au Carmel et ayant vécu comme recluse à la même époque que Jeanne, peut être associée à sa mémoire.

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