Hyacinthe était un jeune chrétien vivant au début du IIe siècle, honoré comme martyr et saint à la fois par l' Église orthodoxe orientale et par l' Église catholique romaine . Hyacinthe est parfois appelée par son nom latin Hyacinthus (en français : Hyacinthe ; en espagnol : Jacinto ; et en italien : Giacinto ).
Le saint martyr Hyacinthe était originaire de Cappadoce et, âgé de dix-huit ans, il servait comme chambellan (cubiculaire) à la cour de l’empereur Trajan (96-116).
Un jour où l’empereur célébrait une fête somptueuse en l’honneur des idoles, le saint se retira à l’écart pour prier. Un de ses collègues, nommé Urbicius, l’ayant remarqué, alla le dénoncer au souverain. L’empereur, qui était à table, ordonna de lui amener sur-le-champ ce rebelle, et lui tendant des mets offerts en sacrifice aux idoles, il voulut le contraindre à y goûter devant lui. Le saint, s’armant du signe de la Croix, s’y refusa et engagea l’empereur à renoncer au culte des démons pour reconnaître le seul vrai Dieu. Irrité par son assurance, le souverain le fit frapper sur la bouche et le livra aux soldats qui, l’ayant rossé à coups de pieds, lui ouvrirent de force la bouche pour lui faire ingurgiter les mets impies. Voyant que ses suppôts peinaient en vain, Trajan quitta furieux la salle du banquet, donnant ordre de jeter le saint en prison, les pieds serrés dans un étau.
Le lendemain, Hyacinthe comparut dans l’amphithéâtre et déclara à l’empereur qu’aucune torture ne pourrait le convaincre d’échanger la vie éternelle pour les jouissances de cette vie de misère. Les bourreaux le fustigèrent avec une telle férocité que leurs visages se couvrirent de son sang, et lorsqu’ils furent épuisés, on le suspendit au chevalet pour lui lacérer les flancs. Vainqueur de la souffrance par le débordement de son amour de Dieu, le saint criait : « Ô Trajan, sans le vouloir, tu me procures le plus grand des bienfaits, en m’apprenant à endurer les souffrances du Christ ! Plus cruelles seront tes tortures, d’autant plus grande sera ma foi ! » Il subit ainsi les tourments pendant sept heures, à l’issue desquelles il fut reconduit en prison.
L’empereur donna ordre de ne lui présenter aucune autre nourriture hormis les viandes immolées aux idoles, qu’on plaçait chaque jour devant lui. Se détournant avec dégoût de ce signe tangible du culte des démons, le valeureux athlète du Christ resta sans prendre ni aliment ni boisson pendant de nombreux jours, nourri seulement de sa foi et par la prière. Le trente-huitième jour, le chef geôlier, qui venait déposer devant lui les mets habituels, vit une lumière éclatante briller dans le cachot où se tenait le saint, le visage radieux, avec deux anges à ses côtés. Laissant choir les aliments, il alla aussitôt rapporter la chose à l’empereur qui, croyant qu’il s’agissait d’une hallucination, prescrivit de soumettre Hyacinthe à de nouveaux tourments. Le quarantième jour, les geôliers venus le quérir pour comparaître devant Trajan, le trouvèrent mort, entouré par des anges à l’apparence humaine, qui tenaient en main des cierges. Le tyran, sans en être aucunement ému, fit alors jeter son corps aux bêtes sauvages, sur une montagne.
Le prêtre Timothée, parent du saint, fut conduit par un ange jusqu’à l’endroit où se trouvait le corps. Il put l’enterrer décemment, et, au moment de mourir, il prescrivit à une pieuse veuve de veiller à la garde de la précieuse relique. Au bout de longues années, saint Hyacinthe apparut à un homme de rang sénatorial de cette contrée, qui venait d’être frappé de cécité. Il le guérit et, après lui avoir révélé où son corps était gardé par la veuve, il lui enjoignit de le transférer dans sa patrie. Mais, après la guérison, l’homme oublia sa promesse, et il commença aussitôt à perdre la vue. De nouveau guéri par le saint, il obéit et fit transporter le corps à Césarée. Parvenues à l’entrée de la ville, les bêtes qui traînaient le char sur lequel la relique était déposée, se dirigèrent tout droit vers la maison familiale du saint, où elles s’arrêtèrent.
Hyacinthe est mort dans la ville de Rome . Plus tard, les reliques du saint furent transférées à Césarée.
Un squelette humain incrusté de bijoux dans un écrin en verre doré étiqueté « S. HYACINTHUS M. » (Saint Hyacinthe, Martyr) est conservé et vénéré dans un bâtiment laïc qui était l' église abbatiale catholique romaine de l'ancienne abbaye cistercienne de Fürstenfeld (en Bavière , Allemagne ), dont l'église est la seule structure survivante. Le squelette est arrivé à l'abbaye de Fürstenfeld à une date inconnue. Écrivant sur les squelettes des « saints des catacombes » d'Europe , l'historien de l'art Paul Koudounaris déclare qu'ils « auraient pu être n'importe qui, mais ils ont été retirés du sol et élevés aux hauteurs de la gloire ».
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